L’impact de la crise liée au COVID-19 sur l’économie est comparable aux dégâts infligés par un météore frappant notre planète. La récession économique de 2020 ne ressemble à aucune des précédentes. Cette récession n’a pas été déclenchée par la faiblesse des fondamentaux économiques ou par l’instabilité du secteur financier, mais par une crise sanitaire.
En termes techniques, une récession représente deux trimestres consécutifs de croissance négative du Produit intérieur brut. Bien que les données officielles n’aient pas encore été publiées, presque tous les économistes prédisent une récession mondiale d’une ampleur non égalée depuis la Grande Dépression de 1929.
Aux États-Unis, par exemple, nous constatons un nombre record de chômeurs enregistrés (plus de 16 millions) sur une période de trois semaines. Le défi auquel sont confrontés les économistes à faire des projections sur l’étendue de l’impact économique est qu’il ne s’agit pas d’un ralentissement économique normal mais d’une crise sanitaire qui pousse des acteurs économiques à l’arrêt. Il s’agit bien d’un scénario sans précédent auquel personne n’a été exposé à notre époque moderne. Maintenant, le défi est de savoir comment empêcher la crise sanitaire du coronavirus de se transformer en une crise économique et financière prolongée.
Cette crise sanitaire pourrait en effet se transformer en une crise économique très prolongée si les décideurs mondiaux ne coordonnent pas leurs actions. Les gouvernements et les banques centrales doivent trouver le juste milieu en réajustant leurs plans d’action afin d’empêcher une fermeture généralisée des entreprises et sauvegarder autant que possible les emplois. Ils doivent être prêts à relancer l’économie une fois la crise sanitaire terminée.
Malheureusement, un grand nombre de personnes ne se rend pas compte de la gravité de cette crise et de la récession économique sans précédent qui se profile. Alors que de nombreux employés risquent de perdre leur travail, la reprise économique sera très douloureuse. Cette récession, contrairement aux précédentes, résulte à la fois d’une rupture de l’offre et d’une baisse extraordinaire de la demande. Un glissement à la baisse de la demande et de l’offre avec pour effet un appauvrissement de l’ensemble de l’économie mondiale.
Les décideurs sont désormais confrontés à un dilemme. Ils devront trouver le bon équilibre entre la fermeture complète de l’économie pendant une longue période – afin de contenir la propagation du virus – et son ouverture progressive pour permettre aux activités économiques de redémarrer, évitant ainsi un désastre économique qui entraînera une pauvreté généralisée et des troubles sociaux. Aucun pays ne sera épargné par cette crise économique.
Notre secteur manufacturier est en grande difficulté. Si les acheteurs n’annulent pas leurs commandes existantes, ils se feront rares. Nous ne devons pas nous attendre à ce que les choses retournent à la normale de sitôt, pas avant la fin de l’année.
En ce qui concerne le secteur du tourisme, nous dépendons massivement de nos principaux marchés pour remonter la pente. Malheureusement, il se peut que l’Europe soit à genoux pendant une longue période. On est passé de 1,2 million de touristes à près de zéro en quelques jours avec la fermeture des frontières. Je crois que les priorités des gens changeront pendant un moment. Pour beaucoup, les vacances ne feront plus partie de leurs priorités, du moins pendant un certain temps.
Les secteurs du BPO et des services financiers seront également touchés par la crise. Le secteur immobilier, qui représente près de 50 % de nos investissements directs étrangers (FDI), ne sera pas non plus épargné.
Nous sommes confrontés à un scénario sans précédent qui pourrait changer le visage de notre pays. Alors qu’un vaccin contre le COVID-19 est la seule solution sans risque, je pense que nous n’avons d’autre choix que de lever progressivement le verrou du confinement pour éviter un désastre économique.