Les prix des carburants carburent depuis mercredi. Etait-ce inévitable ?
La flambée du cours du baril est de presque 20% depuis le début de l’année, atteignant la barre de $80 (Rs 2 800). Ce sont les conséquences de la tension géopolitique au Moyen-Orient avec le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire avec l’Iran et aussi la baisse des réserves stratégiques du brut aux USA. Le cours du brut a atteint son plus haut niveau depuis 2014. A Maurice, il était évident qu’une hausse des prix allait survenir mais c’est le quantum qui a choqué. Une analyse de la structure des prix nous révèle que le prix CIF a grimpé de Rs 2.63 pour l’essence et Rs 2.75 pour le diesel depuis 21 décembre 2017 (date de la dernière hausse), alors que les différentes taxes sous forme d’Excise Duty et les contributions aux différents fonds n’ont pas évolué, sauf que la STC puisait du ‘stabilization account’ pour maintenir le prix inchangé depuis décembre. Alors que, cette fois, la STC est venue frapper le prix avec une charge de Re 1.46 additionnel par litre d’essence et 58 sous par litre de diésel afin de remettre à flots le ‘stabilisation account’. Le tout est frappé par la TVA.
Il faut donc s’attendre à un effet boule-de-neige…
En effet, le poids de la majoration du prix de l’essence et du diésel entraînera un effet boule-de-neige sur le reste des activités économiques ainsi que le pouvoir d’achat des Mauriciens. L’inflation est également appelée à accélérer, au vu du poids des produits pétroliers dans le panier de la ménagère.
Faudrait-il revoir le mécanisme du Petroleum Pricing Mechanism qui reflèterait la réelle tendance mondiale ?
Revoir le Petroleum Pricing Mechanism ne va rien changer. Même si on apporte des changements dans la méthodologie, cela ne va pas influencer le prix du pétrole. Ces dernières années, l’impôt, incluant les taxes sous forme de contributions à différents fonds sur les produits pétroliers, a connu une hausse drastique chez nous. C’est devenu une véritable vache à lait. N’empêche que cela est une importante source de revenus pour le gouvernement. Je vais vous citer cette ce que le fameux économiste Milton Friedman que j’aime beaucoup a dit : «There’s no such thing as a free lunch» Comment croyez-vous que l‘État-providence et le service public sont financés ?
Les Mauriciens doivent se rendre compte que rien n’est gratuit. Les dépenses publiques doivent être financées par la taxe. Chaque roupie dépensée doit être financée quelque part. A titre d’exemple, les subventions sur le gaz ménager, le riz ration et la farine sont financées par un levy de R s2.70 par chaque litre d’essence et de diésel. De Janvier 2016 a Juin 17, le montant récolté par la STC de cette taxe était chiffre a Rs1.9 milliards. Alors que seulement Rs712m ont été utilisé pour financer les subsides sur le riz, la farine et le gaz ménager. Donc la STC se retrouve avec un surplus de Rs 1.2 milliards !